Une photographie des femmes à la tête des PME-ETI françaises en 2022. C’est ce que propose la dernière publication de Bpifrance Le Lab intitulée : Dirigeantes et Dirigeants de PME et ETI, quelles différences ?
« Cette étude met en lumière la pluralité de leurs profils, en même temps qu’elle questionne la représentation de l’entrepreneuriat féminin. », affirme Elise Tissier, directrice de Bpifrance Le Lab. Menée auprès de 1 160 chef(fe)s d’entreprise, cette enquête révèle que les femmes, qui représentent 49 % de la population active, ne sont que 12 % à diriger une PME ou une ETI.
Il s’agit d’une information inédite. Jusqu’à présent, les statistiques publiques se concentraient sur la création d’entreprise. Ce chiffre étonne tant il est faible par rapport au taux de féminisation de certaines professions, comme les médecins ou les ingénieurs.
37 % de créatrices d’entreprise
Cette sous-représentation des femmes dans l’entrepreneuriat masque une autre réalité : plus l’entreprise est grande, que ce soit en termes de chiffre d’affaires ou en nombre de salariés, moins elle a de chance d’être dirigée par une femme. Pour preuve, elles ne sont que 8 % à la tête d’entreprises de plus de 100 salariés, et ce chiffre tombe à 6 % pour les entreprises de plus de 250 collaborateurs.
Cependant, contrairement aux idées reçues, on retrouve des dirigeantes dans tous les secteurs d’activité, y compris ceux réputés masculins comme l’industrie et le BTP.
Autre point commun avec leurs homologues masculins : la création est leur première voie d’accès à l’entrepreneuriat. Elles sont 37 % à avoir fondé leur entreprise. Côté reprise : une dirigeante sur trois a accédé à la fonction en reprenant l’entreprise familiale. « Les évolutions sont lentes, mais les dirigeantes sont quand même de plus en plus présentes sur la reprise familiale.
Le plafond de verre reste là : les femmes ont encore du mal à atteindre la direction générale dans les entreprises non familiales. », justifie Annabelle Jaouen, professeure à Montpellier Business School, enseignante-chercheuse spécialiste des PME. C’est une différence majeure avec les dirigeants, davantage positionnés sur la reprise externe que les femmes (10 % des dirigeantes sont des repreneuses).
Quel poids pour le genre en 2022 ?
D’après Bpifrance La Lab, ces cheffes d’entreprises de plus de 10 salariés ont en moyenne 50 ans. Plus souvent célibataires ou divorcées que les hommes, elles ont en général moins d’enfants. Leur rémunération (salaires, dividendes, avantages en nature, etc.) apparait comme nettement plus faible que celle des dirigeants, quels que soient la taille de l’entreprise, le secteur d’activité et le taux de détention du capital. 25 % d’entre elles déclarent une rémunération annuelle inférieure à 50 000 €. Elles ne sont que 35 % à déclarer plus de 100 000 € par an. En revanche, l’écart s’efface lorsque les dirigeantes sont à la tête de familles monoparentales(célibataires ou divorcées, seules à s’occuper des leurs enfants).
Au-delà des écarts de rémunération, les différences entre dirigeantes et dirigeants sont aussi très marquées dans les représentations. « Il ne se passe pas une semaine sans qu’un commercial ne débarque et me dise ‘Il est où le patron ?’ ‘C’est moi’. ‘ Ah ! Il faudrait que vous alliez chercher votre mari parce qu’on va parler de choses techniques ». Cette anecdote rapportée dans l’étude souligne que les cheffes d’entreprise sont régulièrement ramenées à leur genre dans leurs interactions professionnelles. Elles se heurtent encore à des stéréotypes sexistes voire à des comportements discriminatoires, en particulier dans des secteurs techniques (industrie, transport, BTP…), dont les normes professionnelles dominantes sont historiquement masculines. Cependant, l’enquête démontre que l’accès au financement n’est pas une question de genre : 61 % des femmes interrogées le considèrent comme facile contre 67 % pour les hommes.
Source: Big média