Yagoua, Mayo-Danay – Les récentes inondations qui ont ravagé la région de l’extrême-Nord ont mis à genoux de nombreuses familles, mais ce sont les femmes qui en subissent le plus durement les conséquences. Déjà fragilisées par un contexte socio-économique précaire, elles se retrouvent aujourd’hui sans abri, sans revenus et contraintes de faire face à une situation humanitaire critique.
Un reportage de Sira Avalaye
Marthe Falaina, veuve de 35 ans, est l’un des nombreux visages de cette catastrophe. Sa maison, engloutie par les eaux, et ses cultures de mil, totalement détruites, l’ont obligée à errer de refuge en refuge avec ses trois enfants. Le désespoir dans sa voix est perceptible, au moment où elle se confie à nous.
Bilkissou, petite commerçante, a également tout perdu. Son étal, situé sur le marché partiellement inondé, a été emporté par les flots. Pour nourrir sa famille, elle est désormais contrainte de vendre quelques denrées alimentaires de porte à porte.
Ces inondations ont un impact sur l’éducation des jeunes filles, déjà fragilisée dans cette région. Amadou moto-taximan, père de famille, a dû prendre une décision difficile : celle de fuir le domicile conjugal pour vivre chez son ami, et d’envoyer ses femmes chez leurs parents respectifs avec leurs enfants.
Père de 12 enfants dont 5 filles en âge d’être scolarisées, ce père de famille ne cache pas son souhait de voir ses jeunes progénitures aller en mariage afin de lui alléger la charge.
Les femmes et les jeunes filles de la région du Mayo-Danay sont particulièrement exposées aux risques liés aux catastrophes naturelles. Leurs tâches quotidiennes, liées aux travaux agricoles et aux soins de la famille, les obligent à passer beaucoup de temps à l’extérieur. De plus, les inégalités sociales et les normes culturelles limitent leur l’accès aux ressources et aux décisions, les rendant plus vulnérables face aux crises.
Des initiatives locales pour venir en aide
Face à cette situation dramatique, des initiatives locales commencent à émerger pour soutenir les femmes sinistrées. Ces initiatives d’élites locales ou même des organisations humanitaires apportent une aide alimentaire, et tentent de reconstruire les infrastructures endommagées. Cependant, les besoins restent immenses et un soutien à plus grande échelle est nécessaire pour permettre à ces femmes de se relever.