Dans une interview accordée à RFI Afrique au sujet de la situation des droits de l’homme en Afrique, la présidente du REDHAC appelle à une nouvelle vision basée sur des valeurs de transparence, de justice et de respect des droits de l’homme.
Maximilienne Ngo Mbe est une défenseure des droits de l’homme dont la voix est importante dans le paysage politique du Cameroun et dans la sous-région Afrique centrale. Elle est la présidente du Réseau de Défense des Droits de l’Homme en Afrique Centrale ( REDHAC ).
En prévision de l’élection présidentielle de 2025 dans son pays le Cameroun, elle attire l’attention sur l’importance de « placer le débat autour de la sortie du pays de sa situation actuelle de marasme ».
Dans l’interview a été mené par les confrères de RFI Afrique, Maximilienne Ngo Mbe, rappelle de ce fait qu’il est crucial que les citoyens et les candidats aux élections se concentrent sur les moyens de surmonter les défis majeurs auxquels le Cameroun est confronté. Elle souligne la nécessité de discuter des problèmes de gouvernance, de la corruption, de la pauvreté, de l’accès à l’éducation et aux soins de santé, entre autres.
Ce qui nous préoccupe, c’est aussi que tous les acteurs politiques parlent des élections présidentielles qui arrivent, mais la situation au nord-ouest et sud-ouest et à l’extrême nord est très grave. Je vais vous donner quelques chiffres rapidement : en 2023/2024, nous avons au moins à peu près 103 civils qui ont été assassinés par les présumés séparatistes et il y a 4 personnalités qui ont été assassinées. Il y a plus de 50 forces de sécurité qui ont été assassinées. Il y a à peu près 2 000 000 de déplacés depuis janvier 2024… Et je ne parle pas de l’économie qui s’effondre et tout ce que cela comporte. Alors nous, nous pensons vraiment que, oui, il faut qu’il y ait l’élection présidentielle, mais il faut que les débats tournent autour de comment nous devons sortir le pays du marasme dans lequel il se trouve.
Maximilienne Ngo Mbe dans « Le grand invité Afrique de RFI du 23 juillet 2024.
En tant que défenseure des droits de l’homme, Maximilienne Ngo Mbe est fermement convaincue que la démocratie doit être renforcée en Afrique, et notamment en Afrique centrale. Elle critique la longévité au pouvoir de nombreux présidents de la région, soulignant que cela nuit à la démocratie et à la bonne gouvernance.
La zone de l’Afrique centrale est une zone très très dangereuse, parce que la longévité au pouvoir des chefs de l’État, beaucoup de ressources matérielles, puis des ressources au niveau du sol, font qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de défis. Et l’un des défis majeurs, c’est le respect des droits de l’homme dans sa globalité, mais plus spécifiquement des libertés fondamentales et les institutions démocratiques.
Maximilienne Ngo Mbe dans « Le grand invité Afrique de RFI du 23 juillet 2024.
Maximilienne Ngo Mbe appelle les citoyens à s’engager activement dans le processus électoral, à demander des comptes à leurs dirigeants et à défendre les valeurs démocratiques. Elle encourage également les jeunes à participer davantage à la vie politique et à se faire entendre.
Quand vous voyez des présidents qui restent 42 ans, 30 ans au pouvoir et qui manœuvrent tout le temps pour changer les constitutions, on ne peut pas parler de la démocratie ni des institutions démocratiques, mais il faut que les peuples se battent partout où ils sont.
Maximilienne Ngo Mbe dans « Le grand invité Afrique de RFI du 23 juillet 2024.
Des réactions fortes qui viennent mettre en garde contre la stagnation politique et économique qui pourrait résulter d’une absence de réformes et d’une persistance des mêmes problèmes.