La présidente Laetitia Tonye Loe, Directrice exécutive de l’Association Parler d’Elles (APDL), en présence d’autres femmes à l’instar l’artiste Sanzy Viany et Rabeantoandro épse Manga Ada ont organisé une conférence de presse ce jeudi 18 septembre à l’hôtel Suita portant sur la dénonciations des violences faites aux femmes et l’annonce du lancement d’une vaste campagne nationale de plaidoyer intitulée « Nos Voix, Notre Avenir ».

Cette initiative, soutenue par plusieurs organisations de la société civile et placée sous le parrainage du Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF) intervient à un moment jugé « crucial », à la veille de la prochaine session parlementaire et d’importants rendez-vous électoraux. « Il est impératif que nos voix soient entendues pour que la sécurité et l’éducation des femmes et des filles deviennent enfin une priorité politique », a déclaré Laetitia Tonye Loe.

Un contexte alarmant de violences
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon l’OMS (2021), 65 % des femmes en Afrique centrale ont déjà subi des violences. Au Cameroun, le phénomène ne cesse de croître. En 2023, le décès tragique de Diane Yangwo, jeune enseignante battue à mort par son mari à Douala, avait provoqué une vague d’indignation nationale. Entre février et mai de la même année, plus de vingt femmes ont été tuées dans la région du Centre, selon le MINPROFF.

Pourtant, malgré la mise à jour du code pénal en 2016 et la Stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre (2022-2026), les féminicides, viols et violences domestiques persistent. L’Institut national de la statistique révélait déjà en 2020 que 39 % des Camerounaises avaient subi des violences physiques depuis l’âge de 15 ans.
Face à cette situation, l’APDL et ses partenaires, dont l’Association de Lutte contre les Violences Faites aux Femmes (ALVI) et l’Association Camerounaise des Femmes Juristes (ACAFEJ) entendent hausser le ton. La campagne « Nos Voix, Notre Avenir » vise à interpeller les décideurs politiques pour l’adoption d’une loi spécifique contre les violences faites aux femmes et pour un accès équitable des filles à l’éducation.

Parmi les actions prévues figurent notamment : une lettre ouverte aux parlementaires, accompagnée d’une pétition citoyenne visant 10 000 signatures, la diffusion de contenus de sensibilisation impliquant artistes et personnalités publiques, une tournée médiatique nationale, l’organisation d’un colloque sur l’accès à l’éducation des filles vulnérables, la publication d’un rapport sur les normes sociales et la situation des adolescentes déplacées internes, un webinaire de formation à l’intention des journalistes pour améliorer la couverture médiatique des violences basées sur le genre.
L’APDL plaide également pour une augmentation des budgets publics alloués à la lutte contre les violences faites aux femmes et à la promotion de l’éducation des filles.
Créée en 2020, l’APDL œuvre pour l’autonomisation et la protection des femmes et des filles à travers le plaidoyer et le renforcement des capacités. En cinq ans, elle a touché plus de 20 000 personnes et accompagné près de 1 000 femmes. Avec cette nouvelle campagne, l’association veut franchir un cap, celui de transformer l’indignation collective en action politique.
« Cette fois, il ne s’agit pas seulement de sensibiliser, mais d’obtenir une loi claire et des mesures fortes pour protéger les femmes et donner aux filles les mêmes chances d’éducation », a insisté Laetitia Tonye Loe.